8Voilà un curieux paradoxe. » p. 29), par opposition à la technique antérieure. Analyse de la Lettre sur l’Humanisme . À suivre Hadrien France-Lanord[24], on peut ainsi résumer la signification du Ges-tell en ce qu'il n'est pas la propriété commune des choses techniques c'est-à-dire, son essence au sens métaphysique traditionnel, mais le déploiement, das Wesen de la « Dispensation »[N 13]. Quand la Machenschaft intervient-elle dans l’histoire du monde occidental ? Dans sa célèbre conférence de 1953, intitulée La Question de la technique, Heidegger résume sa pensée en une formule devenue depuis lors quasi proverbiale : « L’essence de la technique n’est rien de technique »[30]. « Le règne du Gestell signifie ceci : l’homme subit le contrôle, la demande et l’injonction d’une puissance qui se manifeste dans l’essence de la technique et qu’il ne domine pas lui-même [...]. La production pour la production manifeste la pensée comme volonté de puissance, comme emprise sur l'être. Alain Boutot[18] auquel nous empruntons les traits principaux consacre une quinzaine de pages de son « Que-sais-Je? Déjà de son temps, bien avant la révolution numérique, Heidegger dénonçait les avancées de la métalinguistique qui procède « à la technicisation universelle de toutes les langues en un seul instrument, l'instrument unique d'information, fonctionnel et universel »[26]. Commentez cette citation. "Quand nous considérons la technique comme quelque chose de neutre, c'est alors que nous lui sommes livrés de la pire façon : car cette conception, qui jouit aujourd'hui d'une faveur toute particulière, nous rend complètement aveugles en face de l'essence de la technique." Selon Aristote, la technique est l'ensemble des règles définissant les moyens en vue d'une fin. Ou, pour le dire d’une manière imagée, notre cerveau reptilien ne peut que répondre à l’injonction divine : « Que l’homme domine sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles… » (Genèse 1, 26-28). Martin HEIDEGGER (1889-1976) La question de la technique Extraits de Essais et conférences trad. Chaîne que le progressisme avait cru rompre : le XIXe siècle étant, ne l’oublions pas, le triomphe de celui que Karl Marx célébrait comme étant Prométhée déchaîné ! La deep ecology pourrait en être la version paroxystique. Si la question de l'être a été la préoccupation essentielle de Martin Heidegger, c'est pour qu'au-delà de la détermination strictement philosophique, l'homme saisisse radicalement son essence pour y conformer son vécu quotidien dans ses aspirations les plus légitimes, parmi lesquelles nous avons la relation avec l'autre, comme valeur participant à la définition du je. On a pu qualifier cette figure emblématique de « divinité arbustive ». « Nul ne peut contester qu'en un laps de temps relativement court (en comparaison de l'histoire et surtout de la préhistoire de l'humanité) les sciences et les techniques ont transformé notre planète au point d'ébranler des équilibres écologiques et ethnologiques immémoriaux, au point surtout de faire douter l'homme du sens de son existence et de ses travaux, jusqu'à faire vaciller sa propre identité », « qui sont rassemblés, organisés et animés de manière à remplacer l'homme dans l'exécution d'un certain nombre de tâches », « sa définition commune de moyen servant à une fin », « se révèle dans l'apparition de la science moderne et exacte de la nature », « L'essence de la science moderne réside dans ce que Heidegger appelle, le projet mathématique de la nature », « La science moderne à travers le projet mathématique de la nature, met la nature matérielle en demeure de se montrer comme un complexe calculable de forces, et est de ce point de vue, régie par l'essence de la technique », « La science met le réel au pied du mur. Dans leur l'essence, ces progrès scientifiques doivent être considérés selon lui comme une « potentialisation » de la puissance qui va régir la technique moderne mise à jour dans les travaux de Dominique Janicaud[16]. Publié le : 16/6/2011-Format: Zoom Nous essayons de penser l’essence de la technique (ce qui ne revient pas à penser la technique que nous côtoyons). Le garde forestier est requis d'abattre le bois pour que soit livrée la cellulose réclamée pour fabriquer le papier nécessaire aux journaux. 13On est là au cœur battant de ce que l’historien des sciences Thomas Kuhn a appelé la structure des révolutions scientifiques [3]. L'action humaine ne peut jamais remédier immédiatement à ce danger », écrit Martin Heidegger[57]. Heidegger, La Question de la technique. Mais action qui devient activisme quand le « faire », l’utilité, l’ustentilarité sont les seuls éléments qui, en dernier ressort, sont pris en considération. Et il convient donc de traverser le plus rapidement possible in hac lacrimarum valle, dans cette vallée de larmes, afin d’accéder, plus tard, à la béatitude dans un monde à venir. L'essence de la technique, ainsi abordée, se dissimule derrière une représentation instrumentale exclusive (les moyens techniques, les machines) entretenant l'illusion d'un homme dominateur qui en contrepartie en aurait l'entière maîtrise, ce qui est selon Heidegger l'« illusion nietzschéenne ». En 1927, il publie son œuvre maîtresse, Être et temps (Sein und Zeit). 20-22. À savoir, grâce à l’analyse scientifique, la possibilité pour une civilisation d’emprunter la via recta de la raison. B. Stiegler, op. Le chemin est un chemin de la pensée. Son maître livre "La Technique ou l'Enjeu du siècle" date de 1954, soit à peu près en même temps que "La question de la technique" de Heidegger et 2 ans avant "L'obsolescence de l'homme" de Günther Anders . Dominique Janicaud[1] constate aussi : « Nul ne peut contester qu'en un laps de temps relativement court (en comparaison de l'histoire et surtout de la préhistoire de l'humanité) les sciences et les techniques ont transformé notre planète au point d'ébranler des équilibres écologiques et ethnologiques immémoriaux, au point surtout de faire douter l'homme du sens de son existence et de ses travaux, jusqu'à faire vaciller sa propre identité ». Pour lui, le danger réside dans la réduction de l'essence de l'homme au statut de « disponible », alors même que se développe et s'amplifie, sur tous les thèmes, l'illusion de sa puissance et de sa totale maîtrise. Commentez cette citation. Analysant son déferlement à l’aune de la question de l’être, il affirme qu’elle est même la figure ultime de l’histoire de la métaphysique. Compromis avec le régime nazi en 1933, … L'origine du terme de « technique » est à situer dans le mot grec techné (τέχνη ) : « la (τέχνη ) qui désigne l'une des cinq manières, selon Aristote dans l' Éthique à Nicomaque, d'avérer, c'est-à-dire de dévoiler la vérité »[8]. — De l’essence de la vérité (1943) — Chemins qui ne mènent nulle part (1950) — La question de la technologie (1953) Pour aller plus loin sur Heidegger : Heidegger Citations . Il y a, en effet, quelque chose de païen dans le succès des produits « bio » et la recrudescence de l’attachement aux diverses valeurs liées au terroir, au territoire et autres formes spatiales. De ne pas avoir pris en compte la technique moderne dans son analyse de l'existence. L’homme ne commande pas le cours du fleuve. Heidegger et la question de l’éthique: la construction d’un interdit.. Horizons Philosophiques, Collège Edouard-Montpetit, 2004, 14 (2), pp.1-26. Là où Nietzsche voit la manifestation de la domination de l'homme sur la nature, Heidegger perçoit tout au contraire la dernière étape de sa dépossession au long d'une histoire de la métaphysique, des époques et des modes de dévoilement de l'être[N 3]. 14Ne l’oublions pas, après la séparation inaugurale, le jardin d’Éden est donné à l’homme à cultiver (Genèse 2, 15). [Martin Heidegger répond à deux questions qui lui reprochaient 1. de trop s'occuper de l'Être en négligeant l'homme et 2. d'accuser la science de ne pas penser.] Martin Heidegger 2 internationale qui débordera largement le monde de la philosophie à l'occasion de la publication de son ouvrage Être et Temps, en 1927. ), ni même à des objets, Gegenstand [40] mais à tout ce qui dans une perspective utilitaire a vocation à entrer « dans les fonds disponibles, lesquels doivent pouvoir être constituables, livrables et remplaçables en tout temps, aux fins du moment »[27] que Heidegger appelle Bestand. Archétype de la sensibilité écologique, Dionysos a de la glèbe aux pieds. La dynamique actuelle de la potentialisation échappe-t-elle totalement au contrôle humain ? Il s'agit de projeter a priori, à l'aide de définitions axiomatiques préalables, sur la nature, un plan unique, auquel tous les phénomènes naturels doivent se conformer pour être pris en compte et permettre leur mathématisation. La technique se représente tout ce qui est (ce que Heidegger désigne comme « l’étant », ce que l’on peut désigner comme la nature), comme un simple objet pour la volonté : les choses n’ont de réalité que comme objets manipulables et utilisables par le sujet. Il reste à l'homme à méditer ce qui dans la technique est l'essentiel à savoir le sens originaire de la techné, τέχνη , grecque qui désignait aussi la production du vrai dans le beau, et par quoi il est nécessaire de passer. Avec la technique moderne, on installe une centrale électrique sur le Rhin. L'homme se plie aux pleins pouvoirs de la technique allant jusqu'à y conformer son propre être, le caractère « destinal » massif du Gestell lui échappe totalement[N 14]. La technique au sens du Gestell du « Dispositif », tient l'homme en son pouvoir, il n'en est nullement le maître. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Etre et Temps Analyse de la Lettre sur l’humanisme. Heidegger comprend l'essence de la technique au sens « d'un certain destin de l'être et de l'histoire de la « vérité de l'être » »[32],[33],[N 16]. À noter que l'inéluctabilité de ce mouvement historial a été contesté. pourquoi il est opportun de penser avant tout au chemin et de ne pas s'at­ tacher à des propositions ou appellations particu­ lières. Explication du texte de Martin Heidegger : Sérénité, Questions III Le texte soumis à notre analyse est un extrait d’une œuvre de Martin Heidegger qui est un important philosophe contemporain allemand. Ainsi qu’il l’indique, à la fin de son essai : « Plus nous approchons du danger, et plus clairement les chemins menant vers “ce qui sauve” commencent à s’éclairer [6]. Heidegger en donne plusieurs exemples concrets, dont certains sont relevés par Alain Boutot : « L'interrupteur électrique, combien familier mais qui fait venir la lumière, la dévoile mais ce dévoilement, loin de signifier le surgissement ou le jaillissement de l'être, est une « sommation » à comparaître. Heidegger renverse ainsi la perception courante des relations entre la technique et la science : pour lui, c'est la science qui est au service de la technique et non l'inverse. Le monde n’est plus laissé à sa croissance naturelle : le monde qui abonde en lui-même, mais est assujetti, en totalité, à une action extérieure. Puis il va se diffuser, subrepticement, dans toutes les militances partisanes : cette terre-ci n’est pas bien. Selon Heidegger, la technique est un mode du « dévoilement », c’est-à-dire un mode de connaissance et de relation avec la nature. « L’agriculture motorisée ne laisse pas faire la nature, elle la commande : par exemple, on ne laisse pas la pluie naturelle arroser les champs, on installe un arrosage automatique, on ne laisse pas la terre faire pousser d’elle-même des plantes, on agit sur la terre avec des engrais, pour la fertiliser artificiellement. Heidegger La question de la technique.